Combien de fois faudra-t-il répéter sur ce forum que, sauf s’il s’agit d’un patronyme très spécifique (ce qui n’est assurément pas le cas d’ISRAËL), deux personnes portant le même nom mais ayant vécu dans des lieux différents n’ont a priori aucune raison d’être apparentées ?
Ceci étant, le hasard fait parfois bien les choses, surtout quand il est aidé par des phénomènes tels que l’essaimage induit par le contingentement des familles juives à Metz.
Ainsi, Rachel ISRAËL, dernière porteuse du patronyme mentionnée dans la discussion du présent sujet, est née le 8 février 1810 à Sierck-les-Bains d’un père, prénommé Michel, né dans la même localité vers 1764. Or, les relevés de Jean Fleury nous apprennent qu’un fils (au prénom inconnu) de Michel ISRAËL de Metz est venu s’établir à Sierck par mariage en 1718. Faute de données, la traçabilité ne peut être décrite avec certitude. Mais, eu égard à la rareté relative du prénom Michel chez les juifs lorrains de l’époque, il ne fait guère de doute que le Michel ISRAËL né en 1764 est un descendant (sans doute un petit-fils) du marié de 1718.
Or, ce dernier est un fils de Michel dit « le brandevinier » (ca 1655 – 3.9.1731) qui appartient à la famille messine ISRAËL venue de Bacharach dont Pascal Faustini pense qu’est aussi issue la lignée ISRAËL de Luttange : ceci ferait le lien, certes lointain, avec le Salomon ISRAËL né en 1825 dont il a été précédemment question dans le même sujet.
A Luttange, le recensement de 1702 mentionne un « Isaac Israël originaire de Metz, une femme et un enfant, établi depuis 40 ans. Pauvre, il supporte les charges avec la Communauté à laquelle il n’est d’aucune utilité. » Pascal Faustini en fait le plus jeune fils du chantre Israël (ca 1578 – ca 1639) et lui attribue deux fils déjà établis dans le village voisin de Homburg-sur-Canner. Mais il ne dit rien du fils vivant encore en 1702 au foyer de son père.
Or, à la même page (362) de la seconde édition de son ouvrage sur la communauté juive de Metz, Pascal Faustini expose que la famille ISRAËL de Koenigsmacker a pour fondateur un Gershon, né vers 1680 et marié peu avant 1710, fils d’un Isaac venu de Metz. Chronologiquement, rien ne s’oppose à ce que ce Gershon soit le fils ISRAËL encore célibataire en 1702 à Luttange, ce qui relierait Rachel, Salomon et Eugène !
A l’encontre de cette construction, il y a surtout le fait que Pascal Faustini n’a pas pu ne pas songer à faire le rapprochement. Or, il ne l’a même pas évoqué, ne serait-ce qu’à titre d’hypothèse. Peut-être avait-il de bonnes raisons pour cela, mais il ne les a pas explicitées.