Une double fable à propos d’un mariage en 1786 à Durmenach

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A rejoint: mer, 12/02/2014 - 17:43
Une double fable à propos d’un mariage en 1786 à Durmenach

Il est souvent utile de consulter les arbres en ligne sur des sites tels que Geneanet. Mais il faut le faire avec circonspection car leurs auteurs ont une fâcheuse propension à se recopier les uns les autres sans faire preuve du moindre esprit critique, et semblent même avoir une prédilection à propager les informations les plus absurdes.

En voici un exemple qui ne concerne pourtant pas le premier venu puisqu’il s’agit de Salomon LEVY qui fut très longtemps rabbin de Durmenach et à ce titre membre du Grand Sanhédrin.

En 1786, Seligman LEVY fils de Meyer fils de David épouse à Durmenach (Fraenckel, 343j) Henlé (Anne) SIMON fille de Ychay fils de Simon. L’identification des pères des deux conjoints ne soulève aucune difficulté puisque, en 1784, ils sont respectivement à la tête des familles 17 (où le fils aîné se prénomme Seligmann) et 59 (où la fille se prénomme Hanna) de Durmenach.

Première (et très grossière) fable : en 1771, on avait déjà eu le mariage à Durmenach (Fraenckel, 341a) de Mena’hem « Mendel » Emmanuel BLOCH fils de Isaac, avec Haendel fille du rabbin Ichay fils de Simon ; et certains auteurs d’arbres d’en déduire que ce serait cette fille du rabbin (plutôt chantre, en fait) SIMON qui, frappée entre-temps par le veuvage, se serait remariée en 1786. Mais cette construction ne résiste pas un instant à l’examen du dénombrement de 1784 où l’on trouve Emmanuel BLOCH à la tête de la famille 39, seul avec ses enfants. C’est donc lui qui est veuf et c’est la jeune sœur de Haendel qui se marie en 1786.

Seconde (et à peine plus subtile) fable : qu’ils adhérent ou non à la précédente fable, tous les auteurs s’accordent pour considérer que le marié de 1786 est en 1808 rabbin de Durmenach où il troque son prénom pour celui de Salomon tandis que son épouse devient Anne LANG. Il a alors 5 enfants mineurs nés à Blotzheim entre 1788 et 1796 (ce qui est cohérent avec un mariage à la mi-1786) mais aussi deux enfants majeurs, Samuel (ex-Meyer) et Johanna (ex-Sara). Ignorant cette difficulté chronologique, et sans doute influencés par le fait que Seligmann-Salomon a, jusqu’à la dernière minute (comme en témoignent les ratures sur le registre de prise de nom), hésité à adopter le patronyme de MEYER, nos auteurs sont unanimes à faire du rabbin de Durmenach le fils de Meyer fils de David.

Pourtant, cette construction ne résiste pas non plus à l’examen des actes de décès du rabbin et de son épouse, que nos auteurs auraient pu aisément consulter puisqu’ils en donnent tous les dates exactes. Nous apprenons ainsi que Salomon LEVY est fils d’un Simon et non d’un Meyer, tandis que son épouse ne s’est jamais appelée SIMON (ou YCHAY ou ISAAC) mais tout bêtement LEVY (avant et après avoir essayé de façon éphémère le patronyme de LANG). Il apparaît alors que notre futur rabbin s’est marié à Durmenach dès 1779 (Fraenckel, 347c) avec une fille de Seligman LEVY et Dina HAUSER et qu’il était en 1784 maître d’école à Zillisheim (famille 52) avec un fils aîné prénommé Simon (ouf !) ainsi que Meyer-Samuel et Sara-Johanna que l’on retrouve célibataires majeurs en 1808 à Durmenach.

Quant aux mariés de 1786, ils sont en 1808 avec 3 enfants à Belfort où ils finiront leurs jours.

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A rejoint: lun, 05/05/2014 - 10:18
Merci ...

Merci à Guy pour sa très intéressante mise au point !

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