ACH alsaciens et mosellans

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A rejoint: lun, 29/09/2014 - 08:48
ACH alsaciens et mosellans

Bonjour,

Je cherche à savoir quel lien (si il y en a un) existe entre les ACH alsaciens (Mackenheim, Rixheim, …) et mosellans (Denting , Boulay , Vantoux, …)

Mon épouse (née ACH) est issue de la branche mosellane.
Sur la base des documents disponibles (CM (cf Fraenckel) , état civil), nous remontons jusqu’à son Sosa 128 , ACH Samuel marié avec CAHEN Brayel (décédée le 26/9/1810 à Denting).

Sur GENEANET (avec toutes les réserves d’usage, copie/recopie, pas de sources, ..) , plusieurs arbres indiquent pour ce Samuel ACH une naissance vers 1720 à Mackenheim, un mariage avec Brayel CAHEN vers 1753 et un décès à Denting vers 1777 , il serait dentiste/négociant.
Ses parents seraient ACH Isaac Salomon et RISSER Yttelé, tous deux de Mackenheim.
D’autres indiquent un Samuel Bonef ACH (N à Mackenheim , D à Denting aux mêmes dates) et M avec LEVY Ittelé. Son père serait ACH Meir !!

Serait-ce ainsi le lien entre ACH mosellans et alsaciens ?

Merci d’avance pour toute information/ confirmation/ infirmation … avec sources.

PS : P.FAUSTINI, que j’avais contacté en septembre 2013, m’avait , entre autres données sur les ACH mosellans, indiqué: «...Il y en a d'autres en Alsace dont on n'a pu établir la parenté avec les Lorrains jusqu'ici ...»

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A rejoint: mer, 12/02/2014 - 17:42
ACH

Bonjour,

C'est ce que suppose Guy WORMS dans son article sur l'ascendance de Raymond AUBRAC (Revue du CGJ n° 110 p 35 et suivantes).

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A rejoint: ven, 09/05/2014 - 09:27
ACH Alsaciens et Mosellans

Bonsoir,
A ce jour, je n ai pas réussi à trouver un lien entre les deux, hormis le prénom Samuel, récurrent dans les deux régions.
Mais cela ne prouve rien !
Micheline ACH

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A rejoint: mer, 12/02/2014 - 17:43
lien entre les ACH alsaciens et lorrains (introduction)

Dans mon article paru à l’été 2012 sur l’ascendance de Raymond AUBRAC, j’avais supposé, non sans y mettre un point d’interrogation, que son Sosa n° 90, Samuel ACH de Denting (Moselle), était originaire de Mackenheim (Bas-Rhin) et fils d’un Salomon.
Cette filiation reposait sur des considérations à la fois chronologiques et onomastiques, les mêmes prénoms se retrouvant souvent dans les lignées ACH alsaciennes et lorraines.
Ce faisant, je m’étais montré moins prudent que le regretté Pascal Faustini qui, à la même époque, estimait que la parenté n’avait pas été prouvée.
Or, il se trouve que je m’emploie actuellement à mettre en forme les notes que Pascal Faustini, dans le cadre d’une étude du comté de Créhange, avait prises sur la communauté juive de Denting. Et ce que j’ai trouvé tend plutôt à conforter mon hypothèse.
Pour ne pas saturer l’espace de ce forum, ma réponse à la question posée par François Kirchacker sera fractionnée en 5 parties. Outre la présente introduction, je traiterai successivement de la lignée lorraine, puis de l’origine du patronyme, et enfin de la lignée alsacienne avant de conclure. (à suivre)

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A rejoint: mer, 12/02/2014 - 17:43
lien entre les ACH alsaciens et lorrains (suite 1)

Le recensement des contrats de mariage mosellans réalisé par Jean Fleury ne fait état que de quatre unions, toutes situées dans le dernier quart du 18e siècle, impliquant des ACH, tous de Denting :
- En 1779, Merris ACH fille de Schmull (vraisemblablement décédé, bien que cela ne soit pas expressément indiqué, dans la mesure où la future est assistée par Sinell ACH) et Baylé CAHEN.
- En 1783, Esther ACH, fille de Schmull (décédé), avec comme témoin Sinell Samuel ACH.
- En 1785, Simon ACH fils de Samuel (décédé) et Beigelé, assisté par son beau-frère Isaac ISRAËL (époux d’Esther).
- En 1791, Sara ACH, fille de Samuel (décédé) et de Bella Louis CAHEN, assistée par ses frères Simon, Isaac et Benoît.

Les relevés de Fleury étant loin d’être exhaustifs, cela ne suffit pas à prouver qu’il n’y pas eu d’autres ACH en Lorraine auparavant. Mais comme aucun document disponible n’en mentionne et que les quatre mariés précités sont manifestement les enfants d’un même couple, on peut raisonnablement en déduire que tous les ACH lorrains descendent de ce Samuel (ou Schmull), venu d’ailleurs (il n'apparaît dans les actes notariés de Denting qu'en 1751 et ne commence à y acheter une maison qu'en 1772) pour s’établir à Denting après avoir épousé une fille de Benjamin « Louis » CAHEN de Louvigny et Beillé « Elisabeth » CAHEN d’Augny.

Ce Samuel ACH est sûrement décédé avant 1783 et même sans doute avant 1779. Pascal Faustini a identifié sa tombe (malheureusement non datée) au cimetière juif de Denting. Elle indique qu’il est fils d’un Simon. (à suivre)

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A rejoint: mer, 12/02/2014 - 17:43
lien entre les ACH alsaciens et lorrains (suite 2)

Selon l’ouvrage, certes ancien mais qui fait toujours référence, "Les noms des israélites en France" de Paul Lévy, le patronyme ACH (ou ACHE) correspondrait à un nom de lieu (Aach dans le pays de Bade ou Aachen, c’est-à-dire Aix-la-Chapelle), à moins qu’il ne dérive de l’hébreu Ascher (heureux). Il signale un Hirtz ACH (venant d’Aachen) dès 1603 à Francfort et rappelle que pas moins de 20 familles portaient ce nom en Alsace lors du dénombrement de 1784.

Si donc ACH est un toponyme, le seul point commun entre les personnes ainsi dénommées est d’avoir un ancêtre agnatique qui a quitté un jour la localité éponyme, sans qu’il soit possible de préjuger d’un lien de parenté entre elles.

Faustini, qui semble avoir beaucoup phosphoré sur la question, a trouvé des porteurs du patronyme (le plus souvent orthographié AACH) à Francfort et à Trèves.

Il s’est notamment intéressé à un Simson KATZ originaire de Aach (Bade) et décédé en 1628 à Francfort, en raison de la similitude de prénom avec celui - relativement peu fréquent - du père de Samuel, le patriarche des ACH lorrains. Mais, d’un point de vue chronologique, il ne peut s’agir que de deux individus différents entre lesquels le lien éventuel reste à établir.

Plus proches dans le temps des ACH lorrains, les AACH de Trèves étudiés par Faustini n’ont malheureusement aucun prénom (hormis un banal Isaac) en commun avec eux, ce qui ne plaide pas en faveur d’un lien de parenté.

Bien entendu, les considérations qui précèdent ne prouvent nullement que le Samuel ACH arrivé vers 1750 à Denting ne soit pas originaire d’une ville d’Allemagne, que ce soit Francfort, Trèves ou tout simplement Aach ou Aachen. Mais elles incitent à examiner plus attentivement l’hypothèse alternative d’une origine alsacienne. (à suivre)

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A rejoint: mer, 12/02/2014 - 17:43
lien entre les ACH alsaciens et lorrains (suite 3)

Le dénombrement de 1784 recense 50 Alsaciens réellement (c’est-à-dire une fois écartées les 10 épouses ou veuves ACH auxquelles l’index de Daniel Leeson attribue - de manière assez discutable - ce patronyme) dénommés ACH. En dehors de 4 épouses nées ACH, de 3 orphelins et d’une jeune fille placée comme servante, ils sont répartis en 10 familles (et non 20 comme indiqué par Paul Lévy) : 1 à Bösenbiesen (famille 1) et 9 à Mackenheim (familles 1, 2, 4, 6, 8, 11, 14, 15 & 16).

C’est dire que les ACH alsaciens forment un groupe homogène, dont les fondateurs sont vraisemblablement arrivés à Mackenheim à la fin du 17° siècle ou au tout début du 18°, lors du repeuplement de l ‘Alsace consécutif à la guerre de Trente ans. Et ce qui est original, voire unique, c’est que ce groupe n’a pratiquement pas connu de dispersion géographique tout au long du 18° siècle.

Grâce aux contrats de mariage répertoriés par André Fraenckel, on peut se faire une idée assez précise de cette famille.

La branche la plus difficile à analyser (qui est aussi la seule à avoir donné lieu à dispersion géographique) est celle où figurent des individus prénommés Naftaly :
- Schönlé fille de Meyer (vivant en 1748) fils de Naftaly (décédé avant 1748), mariée en 1748 (315k) que l’on retrouve en 1784 dans la famille 3 de Mackenheim
- Kronel de Marckolsheim, fille de Aron fils de Moché-Naftaly, mariée en 1753 (102g) et remariée en 1769 (102i) que l’on retrouve en 1784 dans la famille 3 de Marckolsheim qui a recueilli 3 orphelins ACH (Meyer, Sara et Reiss)
- Naftaly « Hirtzel » ACH de Bösenbiesen, fils de feu Mosché, marié en 1761 (227g) que l’on retrouve en 1784 préposé à la tête de la famille 1 de Bösenbiesen

En outre, la descendance de Meyer peut être complétée par :
- Samuel « Bonef », fils de feu Meïr, marié en 1754 (318i) dont la veuve est à la tête de la famille 16 de Mackenheim en 1784
- Salomon, fils de feu Meïr et frère cadet de Bonef, marié en 1759 (320j) dont la veuve est à la tête de la famille 15 de Mackenheim en 1784
Et celle de Mosché par :
- Judel de Bösenbiesen, fils de Mosché, marié en 1762 (227l) et décédé avant 1771, date à laquelle sa veuve se remarie (230c)

Sans doute faut-il comprendre que Moché-Naftaly signifie Moché fils de Naftaly, ce qui donnerait Naftaly (décédé avant, et sans doute bien avant, 1748) père de :
- Meyer, établi à Mackenheim et décédé vers 1750, père de Schönlé, Samuel « Bonef » et Salomon
- et Moché, établi à Marckolsheim et décédé vers 1760, père de Aron, Naftaly « Hirtzel » et Judel, ces deux derniers s’étant établis à Bösenbiesen

On a ensuite un Isaac ACH dont la filiation est inconnue, marié à Yttelé REISER et décédé avant 1745. Il est le père de :
- Schönle mariée en 1745 (315b) et décédée avant 1784
- Juda « Leïb » marié en 1751 (317d), préposé en 1784 (famille 1 de Mackenheim)
- Hindel mariée en 1751 (307b) qu’on retrouve dans la famille 8 d’issenheim en 1784
- Alexandre « Sender » marié en 1757 (127e) et remarié en 1778 (127j), chef de la famille 2 de Mackenheim en 1784

Et enfin, on a un Juda « Leïb » ACH décédé vers 1780 (date à partir de laquelle lui naissent des petits-fils recevant son prénom) fils d’un Salomon « Salmen » et père de :
- Matel (Magdelen) mariée en 1755 (127d) que l’on retrouve en 1784 dans la famille 8 de Müttersholtz
- Salomon marié en 1767 (228l) chef de la famille 6 de Mackenheim en 1784
- Baroukh marié en 1768 (409l) chef de la famille 4 de Mackenheim en 1784
- Jacob marié en 1772 (230d) chef de la famille 8 de Mackenheim en 1784
- Samuel marié en 1773 (230f) chef de la famille 11 de Mackenheim en 1784

Le rapprochement entre les deux dernières branches semble assez aisé : Isaac et Salomon « Salmen », tous deux nés un peu avant 1700 et ayant tous deux prénommé Juda « Leïb » leur fils aîné, sont vraisemblablement frères et fils d’un Juda.

En revanche, le lien avec la première branche est moins évident car, hormis Samuel et Salomon, on n’y retrouve pas les mêmes prénoms. Peut-être Naftaly était-il l’aîné d’Isaac et Salomon « Salmen » et n’aurait pu de ce fait prénommer un fils Juda du vivant de son père

Au demeurant ces considérations importent peu au regard de la question du lien éventuel des ACH alsaciens avec leurs homonymes lorrains. (à suivre)

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A rejoint: mer, 12/02/2014 - 17:43
lien entre les ACH alsaciens et lorrains (conclusion provisoire)

En 2012, j’avais supposé que le Salomon « Salmen » ACH alsacien, né avant 1700 et père d’un Juda « Leïb » né vers 1710 et décédé vers 1780 était aussi le père du Samuel, né vers 1720 et décédé avant 1783, patriarche des ACH lorrains.

Cette hypothèse, chronologiquement plausible, se fondait sur la similitude des prénoms masculins des ACH lorrains (Samuel, Isaac, Benoît) avec ceux de la lignée alsacienne où l’on retrouve notamment un Samuel et un Baroukh (= Benoît) parmi les enfants de Juda « Leïb », frère présumé du Samuel lorrain.

Seule difficulté : pourquoi le Samuel lorrain avait-il prénommé son fils aîné Simon (ou Sinell) et non Salomon, alors que Salomon « Salmen », son père présumé, était décédé vers 1740 ?

On aurait pu imaginer qu’un fils aîné de Samuel prénommé Salomon soit mort en bas âge, ce qui n’aurait d’ailleurs pas suffi à expliquer pourquoi le cadet aurait été appelé Simon, prénom rare surgi de nulle part. Mais la bonne réponse, simple comme l’oeuf de Christophe Colomb, est donnée par l’identification de la tombe de Samuel : il est le fils d’un Simon.

Cette découverte de Pascal Faustini semble ruiner définitivement mon hypothèse, et plus généralement celle d’un lien entre les ACH lorrains et alsaciens, puisqu’on ne trouve aucun Simon chez ces derniers.

Sauf que le 20 octobre 1808, le Salomon ACH marié en 1767 et chef (sous ce prénom) de la famille 6 de Mackenheim en 1784, fait dans la même localité la déclaration (n° 50) ainsi rédigée :
«  Par devant nous maire de susdit s’est présenté Simon Ach domicilié à Mackenheim qui a déclaré conserver le nom de Ach pour nom de famille et pour prénom celui de Simon et a signé avec nous. »

Le prénom rare de Simon aurait-il été remplacé par erreur dans les actes antérieurs par celui beaucoup plus banal de Salomon ?

Il appartiendra aux spécialistes de paléographie hébraïque de trancher, notamment en examinant les signatures. Mais jusqu’à preuve du contraire, je suis porté à penser que le Salomon ACH alsacien, père du Juda « Leïb » père du Salomon-Simon dont il vient d’être question, se prénommait en réalité Simon et était aussi le père du Samuel, patriarche des ACH lorrains. (à suivre)

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A rejoint: mer, 12/02/2014 - 17:43
lien entre les ACH alsaciens et lorrains (conclusion finale)

Eliane Roos Schuhl, à qui j'avais demandé de déchiffrer la signature de la déclaration du 20 octobre 1808, vient de me répondre que ce Salomon-Simon, qu'elle connaît d'ailleurs sous son premier prénom pour être le frère de son ancêtre Madel ACH (famille 8 de Mackenheim en 1784), signe Zalman, ce qui correspond plutôt à Salomon qu'à Simon.

Cette observation est non seulement cohérente avec les relevés de Fraenckel et le dénombrement de 1784, mais aussi avec l'acte de décès de l'intéressé, le 9 juin 1834 à l'âge de 97 ans (!) où il est prénommé Sallomon.

Il faut donc admettre qu'il ne s'est jamais appelé Simon, si ce n'est du fait d'une erreur de compréhension du maire de Mackenheim en 1808.

L'hypothèse d'un lien entre les ACH alsaciens et lorrains doit donc être définitivement abandonnée.

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A rejoint: lun, 29/09/2014 - 08:48
ACH alsaciens et mosellans

Merci beaucoup Mr Worms pour cette analyse très instructive.
J'en resterai donc à Samuel , patriarche des ACH lorrains, dont l'origine n'est pas connue et sans données sur sa naissance, son mariage avec Brayel CAHEN et son décès .... et aucun lien avéré avec les ACH alsaciens.

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A rejoint: mer, 12/02/2014 - 17:42
QUELQUES PISTES

Je pense que vous pouvez remonter au XVIIe siècle avec les ACH alsaciens en utilisant systématiquement les recensements de population, les actes notariés, les rôles d'impôts.
Pour les ACH lorrains, voyez aussi les plaids annaux.
Concernant l'étymologie du nom ACH ou ASCH celui-ci est l'initiale soit de Aachen soit Aix-la-Chapelle, soit et plus vraisemblablement l'abréviation de Eisenstadt en Autriche (Aleph et Chine en hébreu). Je doute fort que ASCH soit la forme abrégée de Ascher (une des 12 tribus d'Israël), bien que ce nom soit d'un usage fréquent tant comme prénom que comme nom de famille.

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